
Résistons !
La pandémie est là, plus présente que jamais, et pour un temps qui demeure indéfini malgré les vaccins annoncés pour le début de l’année 2021. Est-ce une raison pour devenir fataliste ? Est-ce une raison pour accepter l’enfermement et l’arbitraire ? La question mérite d’être posée. Chez Territoires Hainaut, ce n’est pas notre philosophie. D’où cet appel à résister.
Résistons pour demain
Quand la situation sanitaire impose l’édiction de règles, identiques pour tous, qui régissent jusqu’à notre intimité et nos gestes quotidiens, résistons à une insidieuse transformation en pantins de bois, et continuons à exercer notre intelligence, à prendre du recul, à nous remettre en question et à faire preuve d’humanité vis-à-vis de tous, particulièrement les personnes « à risque » ou « contaminées ».
Quand ces règles restreignent nos possibilités de sorties et de rencontres avec nos amis, quand elles nous empêchent d’aller chez notre libraire, notre vendeur de chaussures, de lunettes ou de jouets, notre coiffeur, notre restaurateur, notre cafetier, au Théâtre, au Musée, à la Bibliothèque… résistons et continuons à les considérer comme essentiels et à les soutenir, à garder l’esprit ouvert par tout moyen, à cultiver notre sens critique et notre imaginaire, et à nous interroger : Est-il plus important de vivre ou d’être libre ? Quelle raison mérite légitimement d’accepter une privation de liberté et laquelle ? Comment en est-on arrivés à devoir fermer les petits commerces, plutôt que les grandes surfaces et les plateformes, et comment faire en sorte que cela n’arrive plus ?
Oui, nous compatissons à la fatigue physique et psychologique du corps médical, et parfois, nous avons peur pour nous-même ou nos proches ; mais résistons à la tentation de ne plus voir l’autre que comme un danger et un avis différent comme un jugement. C’est ainsi aussi que nous aiderons.
Quand nous souffrons d’être enfermés, isolés, contraints à une activité programmée par décret, résistons à la colère et ne la retournons pas inutilement vers nos proches ou des boucs émissaires.
Quand nous sommes difficilement en mesure de prévoir ce que nous pourrons faire le lendemain, résistons en continuant à faire des projets, et à évoquer l’avenir que nous avons le devoir, en citoyens responsables, de préparer dès maintenant.
Quand nous nous informons sur l’évolution de la pandémie, résistons à la lassitude et ne limitons pas notre horizon à ce fléau, mais continuons à défendre nos idéaux quels qu’ils soient, de la défense de l’environnement à la protection des droits humains et sociaux, en passant par la promotion de la culture ou l’aide aux plus démunis.
En cette période de tension et d’urgence à tous niveaux, résistons et rappelons-nous que cette crise, même d’une durée indéterminée aura une fin ; qu’il nous appartient de limiter les dommages qu’elle aura provoqués et de penser d’ores et déjà à la manière de les réparer comme de les éviter à l’avenir ; que c’est par le débat, le dialogue et la lutte contre l’intolérance que s’établissent les justes consensus pour définir un avenir positif, durable et acceptable par la majorité.
Et quand le courage nous quitte ou que nous sentons notre moral faiblir, résistons à l’abattement, sourions à la vue des multiples créations et facéties, qu’ils émanent de nos proches ou des artistes que la situation inspire, et octroyons-nous, en conscience, le droit de chercher du réconfort là où il se trouve, sans culpabiliser et sans nous reprocher ces instants de tendresse légitimes.
Lors du premier confinement, nous avions encore l’illusion d’un enfermement temporaire unique, prélude à l’avènement d’un monde d’après, que nous aurions ensuite tout le loisir de construire. La réalité qui s’impose à nous aujourd’hui est différente. Ce ne sera pas si facile et nous ne pouvons plus attendre, comme « mis sur pause ».
Nombre des règles engendrées par cette crise sanitaire mettent à mal nos valeurs : respect de la vie privée et de la concurrence bien sûr, mais surtout, les fondements de notre République : liberté, égalité et même fraternité. Alors oui, nous pouvons comprendre et accepter de nombreux sacrifices, mais pas celui du futur des générations à venir.
Il est urgent d’organiser un débat national lucide, courageux et solidaire, sur les causes de cette crise, sur ses incidences et surtout, sur les moyens d’y remédier dès aujourd’hui et à l’avenir. C’est un premier pas indispensable pour restaurer la confiance.
Marion PERETTI.
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